La grande traversée de Charlevoix (lettre aux jeunes randonneurs du monde)

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Lac perdu dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-rivière-Malbaie, juillet 2017, Danny Plourde

Ce n’est pas que les mots me manquent. C’est plutôt le temps. Et l’envie de m’assoir pour écrire au lieu de marcher.

Ils deviennent rares ces moments de lassitude où il me vient à l’esprit de publier au rythme d’un clic à la seconde. Je n’ai ni le cardio d’un bloggeur ni celui d’un mendiant d’empathie virtuelle. J’ai la flemme des médias sociaux et cela ne m’excuse pas, je sais. Je grogne.

Or pour ce qui est des pieds, par contre, et de ce qui se trouve dans le thorax du vieux Plourde ! Malgré mes 36 balais, en toute humilité, et malgré une bonne bédaine de Flacatoune, je pense bien pouvoir me défendre ! C’est d’ailleurs mon surplus de graisse montréalaise pis un moral de bois dur qui m’auront peut-être permis de traverser à pied l’un des plus beaux coins du Québec : Charlevoix. Plus que ça, j’en conviens :  l’amour de la nature et une soif insatiable de liberté !

J’en garde de bons souvenirs, de bonnes blessures et un incomparable sentiment du devoir accompli. Et j’aimerais, à vous, jeunes randonneurs, vous partager mes impressions et conseils avant que vous ne vous lanciez comme des timbrés dans une aventure qui pourrait bien vous casser en deux. 😉

Un trek d’une semaine en pleine autonomie

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Vue sur la rivière Malbaie depuis le refuge du Geai bleu, Charlevoix, juillet 2017, Danny Plourde

À mon sens, rien n’est plus pénible : se sentir immobile. C’est pourquoi je marche. Je marche ma vie. Je marche comme je respire. Je suis un arbre aux racines mouvantes. Marcher me permet de réfléchir, de faire le vide aussi, d’aller un peu plus loin. J’ai le bout du monde au bout des pieds !

Marcher. Ça me permet d’investir le territoire autrement. Pas à pas. Je marche vers les autres. Je marche vers chez moi. Je marche pour décompresser, je marche tout le temps. La marche a quelque chose de zen, de poétique, il y a beaucoup d’amour dans la marche, surtout lorsqu’on ne connaît pas sa destination finale. C’est de la déambulation, du flânage, allez voir l’appellation contrôlée qui vous convient… Mais marcher d’un point A à un point B, c’est pas moins extraordinaire, surtout lorsque, entre les deux, si tu te perds, tu crèves.

Marcher le pays, c’est aussi un prétexte pour aller à sa rencontre. Lui qui ne demande pas mieux. Lui qui n’attend que ça, être parcouru ! Faire la paix avec le Québécois, la Québécoise. Ne pas péter de coche parce qu’il n’y a pas assez de diversité à La Malbaie ou à Baie Saint-Paul. Se dire, je suis ailleurs, en Amérique du Nord, je suis un peu chez nous, pis ce monde-là, majestueux et uniforme, il est beau, même s’il ne cadre pas dans une pub léchée du PLC.

Marcher le pays, c’est aussi un besoin de quitter la Ville. Sortir de l’île, retrouver des saveurs, découvrir des accents, des tournures, des histoires, des rires, de grands yeux ouverts vers le ciel immense, c’est observer les baleines qui font des flips dans le Fleuve sans devoir payer son siège autrement qu’en abattant des arbres rares à la tronçonneuse.

110 kilomètres à pied, 21 kilos sur le dos, une semaine de survie

Celles et ceux qui me suivent un peu savent que j’aime en baver pour profiter au max de mes expériences en plein air. Jirisan, Hallasan, Solaksan, Chic-Choc, bref, je n’en étais pas à mes premières ampoules. Chose certaine, et pour clarifier l’affaire, je ne conseille pas la grande traversée de Charlevoix comme première expérience de longue randonnée, car c’est clair que vous allez en chier une traînée avant de vous évanouir. Cela reste, néanmoins, l’un des défis physiques et personnels les plus intenses de ma vie, et je suis heureux d’avoir déjà connu la misère du bois avant de m’être jeter là-dedans !

Voici donc mon top 10 des bons côtés de la grande traversée de Charlevoix

Top 10 des bons côtés

10. La paix intérieure

Comme dans toute grande randonnée de longue durée (une semaine et plus), tu te retrouves avec toi-même dans la brousse pis c’est bon en crisse de pas entendre un seul ostie d’char à la ronde.

À force d’en chier, j’en suis venu à me demander ce que je pourrais faire pour devenir une meilleure personne à mon retour à la civilisation. Pour dire. Meilleur mari, meilleur papa, meilleur ami. La trinité. Quel est le secret de l’existence ? Pourquoi suis-je ? Enfin, à chacun son truc afin de passer au travers. Chose certaine, faut s’accrocher à quelque chose de plus grand que soi, sinon vous allez seulement chialer que vous souffrez pendant une semaine et vous n’aurez rien compris de cette souffrance.

ps. : je suis pas certain d’avoir compris quelque chose, mais je sais foutrement apprécier un peu plus les petits conforts de ma vie.

Ma lecture du trek : Les entretiens de Confucius

9. Le paysage

Vue sur la rivière Malaie, parc national des Hautes-Gorges, juillet 2017, Danny Plourde

Bien que le trajet de la traversée ne nous offre pas tant de sommets panoramiques, on peut quand même profiter d’un paquet de points de vue magnifiques à couper le souffle,

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Vue sur le parc national des Hautes-Gorges-de-la-rivière-Malbaie, juillet 2017, Danny Plourde

surtout ceux donnant sur les Hautes Gorges pis la rivière Malbaie. On remonte des ruisseaux de fous, on traverse des zones de chasse, on marche sur des barrages à castors, on enjambe des ossements d’orignaux, etc. Les crapauds et grenouilles des bois se comptent par centaines et l’odeur des conifères sous le soleil brûlant nous fait oublier la morsure des maringouins.

8. La difficulté

Des journées de 15, 16 ou 20 kilomètres dans des dénivelés, somme toute, assez accessibles, mais qui vous poussent dans les brancards de votre réserve intérieure. Se coucher à 20h, se lever à 7h. Des 6-7 heures de marche. Ce trek n’est pas pour les débutants. Le défi est de taille, vos pieds vont pleurer. Ça vous prend 1) des bas qui torchent 2) des souliers de montagnes DÉJÀ cassés. Je dirais même des guêtres, à moins que vous soyez un peu plus redneck : des sacs de plastique avec du docktape. Anyway, vos pieds seront souillés.

7. Les cours d’eau

Ruisseaux, rivières, lacs, lacs à castor, vous ne manquerez pas d’eau. Bien sûr, quand il pleut, si vous êtes déjà à un refuge, profitez-en, et ramassez de l’eau de pluie, c’est de l’or en barre ! Ça vous prend des Aquatabs (elles goûtent moins le chlore) ou un filtre à pompe. Je conseille aussi un filet anti-maringouin pour filtrer les dépos. Une pierre deux coups. Le réflexe du survivant.

6. Les refuges

Au contraire de ceux de la SEPAQ, ils sont munis de cuisinières au gaz (gros luxe), s’y trouve aussi de la vaisselle; ça l’air de rien, mais cela vous permet d’alléger considérablement votre sac à dos, lequel est votre pire ennemi s’il est trop lourd. Une truie pour faire sécher les bottes, du bois, des bécosses pas loin, on se croirait en ville (je rigole). Les lits sont crades, mais vous serez tellement fatigués que, Pfff. ZZzzz


5. La nature brute

Suffit de bifurquer un peu du sentier, dans le bras d’un détour, pour se retrouver les pieds dans l’eau d’une rivière glaciale, d’humer un cimetière d’orignaux ou de pouvoir se faire une salade de plantain avec beaucoup de baies sauvages. Thé du Labrador à profusion, surtout en hauteur, près des lacs acides. Achillée millefeuille, bleuets sauvages, etc. Pas vu d’ours, mais j’ai marché dans leur bouse chaude trop chaude à mon goût. Dans les sentiers ténus, là où ils pourraient nous surprendre en embuscade, même si on sait qu’ils nous sentent un mille à la ronde, n’oubliez pas de vous imposer en criant : « HEILLE L’OURS ! HEILLE L’OURS ! »

4. La baignade

Qui dit nature brute, dit plein d’endroits paradisiaques où prendre de petites douches pour se laver, cascades, chutes, etc.

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Rivière Malbaie, juillet 2017, Danny Plourde

Les points d’eau près des refuges sont également relativement assez cool pour se tremper les pieds après votre journée de malade. Vos pieds sont votre moyen de transport, prenez-en soin !

Je vous souhaite suffisamment d’intimité pour vous décrasser le Jéricho ou la Madelaine librement ! Ya !

3. Le coût de l’aventure

C’est très abordable, surtout si on compare, encore une fois, avec le réseau de la SEPAQ. Certains pourraient penser que marcher les grands parcs du Québec, c’est « rien qu’une activité de bourges ». Ben, ceuzes-là, je les emmerde, trois mois sans bière pis tu te payes le Québec tout entier, he !

2. Le trajet pour s’y rendre

Le trajet de l’aller en char vaut tellement le détour. Pas loin de Québec non plus, juste le temps de faire le plein de radio poubelle pour rigoler pendant une semaine ! Y’a toujours trop de niaiseries pas possibles dans les lignes ouvertes que ça va te faire rire pour l’année.

1. La finale, La Malbaie

Au retour, quand j’ai vu de l’asphalte, j’ai voulu la niquer, pour vrai. Le taxi nous a emmenés à La Malbaie, on a bouffé des sandwichs au saumon dans la boulangerie artisanale Pains d’exclamation, pis après on s’est tapé plusieurs bières de microbrasseries à l’Auberge de jeunesse. Après une semaine dans le bois, se faire servir de bonnes cervoises de qualité par de jolies serveuses québécoises (de Québec pis de Baie Saint-Paul, la plupart), c’était comme renaître de ses cendres malgré la douleurs dans les pieds.

***

Le Geai bleu

Quand tu souffres trop
observe au loin
cherche l’horizon
et puis vas-y

ne regarde plus derrière
ton fantôme
dans tes pas

s’il fallait tout savoir
tout connaître
je serais malheureux
de ne plus Apprendre

***

Bon, allez, petit top 8 de ce qui m’a paru moins glorieux, mais c’est plutôt pour vous conseiller, amis, si vous êtes sensibles, parce que, pour vrai, c’est pas si pire que ça.

8. Les osties d’insectes insoutenables

Une française rencontrée plus tard au sortir du camping du Festif de Baie Saint-Paul, à qui moi et mon pote Hugo avions au hasard humblement raconté notre exploit, nous a dit : « Ah, tiens ! Moi qui croyais que les Québécois ne faisaient pas de trek en juillet justement à cause des moustiques ! » Ouais, ben, je lui ai répondu pour faire mon smatt que, justement, nous-autres les Québécois on avait pas peur des maringouins, pis que, pour preuve, on pouvait aller dans le bois n’importe quand dans l’année. Faux. J’ai saigné ma vie.

Oublie les milliards de maringouins qui te piquent à travers ton linge. Jaune, rouge, noire, bleue, la mouche du Nord mord et crache son venin dans ta plaie, pis ça pique le crisse. Elle te pourchasse comme une chimère tout le temps. 7 jours de bzzz, bzzz, bzzz autour de ta tête. Le défi devient davantage psychologique que physique. Tu finis par halluciner le bruit de la mouche tellement elle t’harcèle du matin jusqu’au soir. T’en viens presqu’à comprendre pourquoi il y en a qui se câlice en bas des falaises.

J’avais un filet sur la tête (obligatoire), des vêtements longs (obligatoires), des gants (on me piquait à travers les gants), et ça ne suffisait pas. Cette expérience douloureuse m’a fait réaliser à quel point les pionniers et coureurs des bois canadiens étaient des héros, à quel point les Amérindiens sont des putains de sorciers des bois. Respect.

Le mot « refuge » prend alors tout son sens. Mais même dans les refuges, les maringouins sont là pour te sucer la face.

7. Les castors du décor

Ils sont majestueux. On les prendrait dans nos bras. Mais ils causent des inondations, créent des lacs sans nom, les sentiers disparaissent; ils chient sans arrêt dans l’eau, une eau pleine de coliformes fécaux que tu n’as pas envie de boire sans la faire bouillir, pis bouillir ton eau, c’est long en tabarnak, quand t’as 20 kilomètres à marcher dans une journée. De l’eau bouillie, ça n’a plus d’oxygène, c’est flatte kel crisse, pis c’est jamais plus frette, jamais plus rafraichissant. T’as juste pas le goût de boire de l’eau tiède. Tu veux de l’eau froide, mais le castor s’arrange pour te forcer à te débrouiller autrement.

ps. : Tu penses peut-être que je fais ma princesse, mais je te mets au défi de marcher 15-20 kilomètres sur des roches pointues, des coins de racines toutes croches, en buvant de l’eau tiède pis flatte. Pour vrai, t’as pas l’goût. Mais heureusement, il se trouve pas mal toujours des ruisseaux où tu peux faire le plein, pourvu que tu endures les insectes, car les insectes, le seul moyen de les quasi éviter, c’est de marcher, alors quand tu arrêtes, tout en sueur, tu es comme une grosse boule de viande rouge qui demande à être bouffée.

6. La carte des sentiers

L’organisme de la grande traversée de Charlevoix nous vend au départ un ensemble de cartes à 7$. Good. Les cartes sont en carton ciré. Les cartes datent de 2006. Nous sommes en 2017…

Il y a une chiée de sentiers de chasseurs, de chemins de bicyks, de ski de fond pis de routes forestières qui traversent un peu partout notre chemin, c’est hyper mal balisé à plusieurs endroits. La confusion se répète. Mon pote s’est perdu, j’ai failli me perdre. Il faut vraiment savoir lire le bois pour s’y retrouver. La littératie du bois. Lire le bois. Prendre une minute. C’est long soixante secondes quand t’es en guerre ouverte contre le règne de la mouche. Lire le bois. Retrouver son chemin. Battre en retraite.

Ça rajoute au fun, si tu veux, mais ça peut te mettre dans la dèche de porc-épic si t’as pas le compas dans l’oeil.

Perso, j’ai été correct avec ça, j’ai même aimé, mais soyez-en avertis.

5. Le manque de points de vue grandioses

Sur plus de près 110 km, il y en a très peu. Ça ne peut même pas se comparer avec la traversée du Parc de la Gaspésie. Aucune vue 360 degré. Autre raison pour vous conseiller d’abord les Chic-Chocs avant Charlevoix. 😉 Mais bon, c’est un autre type d’expérience nature, car ce trek-ci se passe davantage en forêt dense, et non sur des crêtes ou des calottes de montagnes.

Pour l’Acropole des Draveurs, c’est un autre trip, plus court, ça se fait en une journée. Ça doit être cool aussi. J’y retournerai.

4. Hydro-Québec

Des pylônes : partout. Vous vous direz, putain, ils me suivent ! On peut par contre prendre deux secondes et essayer d’apprécier le génie architectural québécois de ces monstres-là, qui font du bruit quand vous passez sous eux, qui doivent assurément fucker les hormones des orignaux pis des autres animaux, comme s’il y avait de grands corridors de grésillements radioactifs. On aime une fois, on se sent moins dans le bois quand ça buzz, mais quand même, en dessous de ça, il y a toujours un peu moins de bébittes. Je me dis, les tis cafés bios chauffent à ça, cré.

3. Les sentiers mal entretenus

Je dis pas pour moi, parce que j’adore les défis. Un chemin semé d’embûches, après tout, ne mène-t-il pas à un meilleur pieux ? Mais des fois, pour vrai, on se dit, cré, je vais où ? Des arbres centenaires tombés drette dans le chemin, des sentiers inondés, des yards de tourbes noires pis de marécages… Ça prend beaucoup d’instinct de coureur des bois, je pense. Si tu penses que je pleure pour rien, vas-y.

Moi je dis, ça fait partie de l’aventure, mais je peux comprendre que cela puisse faire suer des randonneurs moins chevronnés. Il faut comprendre quand même, la grande traversée de Charlevoix est un organisme privée, et il n’y a que deux bénévoles qui s’occupent de tout le réseau. Du coup… (qu’on nous donne 50$ pis une tronçonneuse, proposez-le… qui sait ?)

2. Le prix de la navette

150$ pour vous ramener le char de Saint-Urbain au point d’arrivée. Non. 150$. Nous, on a trouvé des potes de Cap-à-l’Aigle qui sont venus nous prendre à La Malbaie. Du point d’arrivée jusqu’à La Malbaie, en taxi, c’est environ 30$. C’est possible de faire ça en bus aussi, pis de s’arranger avec la Traversée. Checkez ça.

1. L’emplacement des refuges

Quelques refuges sont placés à des endroits vraiment nowhere. Il y en a bien deux ou trois qui nous offrent des vue à couper le souffle, je pense surtout à celui du Geai-Bleu, situé au haut d’un coude de la rivière Malbaie. Sinon, on est juste nulle part, dans la brousse avec les insectes préhistoriques.

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Cela dit, chers randonneurs, malgré ces menus détails, il me semble que l’expérience en vaut largement la semelle, surtout si vous êtes un amateur de plein air averti. Si vous aimez suer, saigner et avoir l’impression de devoir aller chercher tout ce que vous avez à l’intérieur de vous pour réussir un défi, ce sera votre truc. Et vous en reviendrez pas peu fiers !

Je dirais que ce parcours se situe entre intermédiaire et avancé, ce n’est définitivement pas pour les débutants. À titre comparatif, la traversée du parc national de la Gaspésie (intermédiaire) (100 km, du mont Logan au mont Albert) fut plus facile en considérant les moustiques moins nombreux, les sentiers mieux balisés et la répartition plus équilibrée des journées de marche. Mais les refuges de la SEPAQ sont moins équipés et forcent un portage plus exigent.

***

Quelques conseils pratiques

Ce que j’avais dans mon sac (60L+10), 21 kilos au jour du départ. Ce n’est pas particulièrement un exemple à suivre, car c’était très lourd, mais je n’ai pas eu à débourser 100$ de bouffe sèche au MEC ou à la Cordée au moins.

  • sac de couchage compressé au max
  • lampe frontale avec nouvelles batteries
  • deux canifs (un seul aurait suffit)
  • 20 pieds de corde (ça m’a été inutile)
  • filet de tête anti-insecte (aussi bon pour filtrer l’eau)
  • savon citronnelle multi-usage
  • trois pairs de crisse de bon bas
  • un pantalon long (les short sont à proscrire)
  • un chandail de randonnée à manches longues
  • deux chemises de soirée
  • un paquet d’Aquatabs
  • beaucoup de sac de plastiques
  • du riz, du gruau pour 7 jours
  • des anchois séchés
  • du chocolat noir
  • beaucoup de noix
  • un citron
  • trois pommes
  • deux cannes de thon
  • un chou (et oui, c’est lourd, mais ça ne pourrit pas pis c’est plein de vitamines!)
  • trois oignons
  • deux carottes
  • deux patates
  • des ramyons coréens
  • des algues séchées
  • deux saucissons
  • un fromage dur
  • des barres tendres
  • des barres de fruits
  • des raisons secs
  • Les entretiens de Confucius
  • Un carnet pour écrire
  • une bouilloire, un set de casseroles, une bâche (qui se sont avérés inutiles)
  • deux serviettes
  • une gourde 1L
  • une montre
  • des lunettes de soleil
  • un bandeau (hyper important pour lutter contre la sueur)
  • un rouleau de pcul
  • des bouchons pour les oreilles (très pratiques s’il y a des collègues qui ronflent)
  • du docktape
  • une mini trousse de survie
  • un harmonica
  • une tite bouteille de Whisky (pour lutter contre la douleur…)

Sur le chemin, j’ai rempli deux sac ziploc de thé du Labrador, ramassé des dents pis des vertèbres d’orignaux. Le crâne, j’ai pas pu, c’était en début de trek, pis j’étais trop chargé comme un âne pour trimballer la poire d’une charogne.

La pire erreur, dans pareil trek, c’est de voyager trop lourd. Ça ne pardonne pas, vous serez pris avec votre calvaire. N’apportez que le nécessaire, laissez vos fringues chez vous ou dans la voiture. Vous pourrez laver vos apparats de randonnée dans les points d’eau à la main, les faire sécher, ils seront comme neufs le lendemain. Pas besoin de tapis de sol, les matelas sont une gracieuseté de RBC. Mais une fois revenus chez vous, mettez tout en quarantaine sur le balcon avant de laver ça intense. Juste de même. #lyme #tique

***

Bon maintenant la stratégie des médias sociaux voudrait que j’étire la sauce le plus possible, que je publie 5-6 petits post en ligne au lieu d’un seul, question d’aller quêter un max de clic, mais je m’en fouts. Vous le savez. Alors je vais continuer un peu.

Un poème ci-bas obsolescent que j’ai écrit dans les refuges. D’autres suivront, si vous suivez encore. Si j’avais pu écrire en marchant, je l’aurais fait, et je crois bien que cela aurait été meilleur, mais je devais protéger mes mains.

Charlevoix, été 2017

la terre me tire vers elle
j’avance en labourant le lichen

le sentier tire mes épaules
par en avant le vent
la perdrix piétine
n’a pas peur
du légionnaire
sans arme
qui ne tire plus

échouer sur les matelas
mon grabat de misère
je sue mes toxines
toutes les humeurs
de la Ville

les bestioles ont laissé
leur dard leurs crachats
dans mes plaies
en souvenir